Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/168

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ne faut pas tant que cela. Du moment qu’il y a une piastre de bonne main, j’espère bien que dans deux heures nous y serons.

— Dieu vous entende, mon brave homme ! dit la princesse.

Le cocher tint parole : le prince sortit à sept heures sonnant d’Empoli, à neuf heures il descendait place de la Trinité.

Il avait mis juste vingt-quatre heures pour aller de Livourne à Florence.

Le premier soin du prince, après avoir déjeuné, car ni lui ni la princesse n’avaient mangé depuis la veille au matin, fut d’aller déposer sa plainte.

— Avez-vous un papier ? demanda le chef du buon governo.

— Non, dit le prince.

— Eh bien ! je vous conseille de laisser la chose tomber à l’eau ; seulement, la prochaine fois, ne donnez que cinq piastres au maître, et donnez une piastre et demie aux conducteurs ; vous aurez cinq piastres et demie d’économie, et vous arriverez dix-huit heures plus tôt.

Depuis ce temps, le prince n’a pas manqué, chaque fois que l’occasion s’en est présentée, de suivre le conseil du président du buon governo, et il s’en est toujours bien trouvé.

La morale de ceci est, qu’en sortant de Livourne, il faut tirer sa montre, la mettre devant les yeux du cocher, et lui dire :

— Il y a cinq paoli de bonne main si nous sommes dans deux heures à Pontedera.

On y sera en deux heures.

On usera du même procédé en sortant de Pontedera et d’Empoli ; et, en six heures et demie au plus tard, on sera à Florence ; on mettrait deux heures de plus en prenant la poste.

À moitié chemin de Livourne à Florence, s’élève comme une borne gigantesque la tour de San-Miniato-al-Tedesco.

San-Miniato-al-Tedesco est le berceau de la famille Bonaparte. C’est de cette aire qu’est partie cette volée d’aigles qui s’est abattue sur le monde ; et, chose étrange ! c’est à