Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/208

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fille du vieux Cosme, et devint le beau-frère de Laurent et de Julien. Tant que le sage vieillard avait vécu, il avait maintenu l’égalité entre ses enfans, traitant son gendre comme s’il eût été son fils ; car, voyant combien promptement cette famille des Pazzi était devenue puissante et riche, il avait voulu non-seulement s’en faire une alliée, mais encore une amie. En effet, la famille s’était accrue en hommes aussi bien qu’en richesses ; car les deux frères qui s’étaient mariés avaient eu, l’un cinq fils et l’autre trois. Elle grandissait donc de toutes façons, lorsque, contrairement à la politique de son père, Laurent de Médicis pensa qu’il était de son intérêt de s’opposer à un plus grand accroissement de richesse et de puissance. Or, une occasion de suivre cette nouvelle politique se présenta bientôt. Jean de Pazzi ayant épousé une des plus riches héritières de Florence, fille de Jean Borromée, Laurent, à la mort de celui-ci, fit rendre une loi par laquelle les neveux mâles étaient préférés même aux filles, et cette loi, non-seulement contre toutes les habitudes, mais encore contre toute justice, ayant été appliquée rétroactivement à la femme de Jean de Pazzi, elle perdit l’héritage de son père qui passa ainsi à des cousins éloignés.

Ce ne fut pas la seule exclusion dont Laurent de Médicis, pour signaler son naissant pouvoir, rendit les Pazzi victimes. Ils étaient dans la famille neuf hommes, ayant l’âge et les qualités requises pour exercer la magistrature, et cependant, à l’exception de Jacob, celui des fils d’André qui ne s’était jamais marié, et qui avait été gonfalonier en 1469, c’est-à-dire du temps de Pierre le Goutteux, et de Jean, beau-frère de Laurent et de Julien, qui avait, en 1472, siégé parmi les prieurs, tous les autres avaient été écartés de la seigneurie. Un tel abus de pouvoir de la part d’hommes que la république n’avait nullement reconnus pour maîtres, blessa tellement François de Pazzi qu’il s’expatria volontairement, et s’en alla prendre à Rome la direction d’un de ses principaux comptoirs. Là, il devint banquier du pape Sixte IV et de Jérôme Riario, que les uns appelaient son neveu, et les autres son fils. Or, Sixte IV et Jérôme Riario étaient les deux plus grands ennemis que les Médicis eussent par toute l’Italie. Le résultat de ces trois haines réunies fut