Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/212

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Julien n’avait plus sa cuirasse. Ainsi le pauvre jeune homme se livrait à ses assassins sans armes offensives ni défensives.

Les trois jeunes gens entrèrent dans l’église par la porte qui s’ouvre sur la rue Dei Servi, au moment où le prêtre disait l’évangile. Julien alla s’agenouiller près de son frère. Antoine de Volterra et Étienne Bagnoni étaient déjà à leur poste ; François et Bernard se mirent au leur. Un seul coup d’œil échangé entre les assassins leur indiqua qu’ils étaient prêts.

La messe continua : la foule qui remplissait l’église donnait un prétexte aux meurtriers pour serrer de plus près Laurent et Julien. D’ailleurs ceux-ci étaient sans défiance, et se croyaient aussi en sûreté, au moins, au pied de l’autel, qu’ils l’étaient dans leur villa de Careggi.

Le prêtre leva l’hostie.

En même temps on entendit un cri terrible : Julien, frappé d’un coup de poignard à la poitrine par Bernard Bandini, se redressait sous la douleur et allait tomber tout sanglant à quelques pas, au milieu de la foule épouvantée, poursuivi par ses deux assassins, dont l’un, François Pazzi, se jeta sur lui avec tant de fureur et le frappa de coups si redoublés, qu’il se blessa lui-même, et s’enfonça son propre poignard dans la cuisse. Mais cet accident, qu’au premier abord sans doute il ne crut pas si grave qu’il était, ne fit que redoubler sa colère, et il frappait encore que déjà depuis longtemps Julien n’était plus qu’un cadavre.

Quant à Laurent, il avait été plus heureux que son frère : au moment de l’élévation, sentant qu’on lui appuyait une main sur l’épaule, il s’était retourné et avait vu briller la lame d’un poignard dans la main d’Antoine de Volterra. Par un mouvement instinctif, il s’était alors jeté de côté, de sorte que le fer qui devait lui traverser la gorge ne fit que lui effleurer le cou. Il se releva aussitôt, et d’un seul mouvement, tirant son épée de la main droite, et enveloppant son bras gauche de son manteau, il se mit en défense, en appelant à son secours ses deux écuyers. À la voix de leur maître, André et Laurent Cavalcanti s’élancèrent l’épée à la main, et les deux prêtres, voyant que l’affaire devenait plus