Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/226

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pièces ; eh bien ! sire, faites sonner vos trompettes, nous ferons sonner nos cloches.

Cette réponse sauva Florence. Le roi de France crut que la république était aussi forte qu’elle était fière ; Pierre Capponi s’était déjà élancé hors de l’appartement, Charles le fit appeler, et présenta des conditions nouvelles qui furent acceptées.

Onze jours après, le roi quitta Florence pour marcher sur Naples, laissant dévaster par ses soldats trésor, galeries, collections et bibliothèques.

Le palais Riccardi resta vide pendant dix-huit ans que dura l’exil des Médicis ; enfin, au bout de ce temps, ils rentrèrent ramenés par les Espagnols, et, malgré ce puissant secours, ils rentrèrent, dit la capitulation, non pas comme princes, mais comme simples citoyens.

Mais enfin le tronc gigantesque avait poussé de si puissans rameaux que sa sève commençait à tarir, et que l’arbre dépérissait de plus en plus. En effet, Laurent II, mort et enseveli dans son tombeau sculpté par Michel-Ange, il ne restait plus du sang de Cosme l’Ancien que trois bâtards ; Hippolyte, bâtard de Jules II, qui fut cardinal ; Jules, bâtard de Julien l’Ancien, assassiné par les Pazzi, et qui fut pape sous le nom de Clément VII ; enfin Alexandre, bâtard de Julien II ou de Clément VII, on ne sait pas bien, et qui fut duc de Toscane. Comme ils demeurèrent tous trois un instant à Florence, logeant sur la même place, on appela par raillerie cette place des Trois-Mulets.

Autant, au reste, la race des Médicis de la branche aînée avait d’abord été en honneur à Florence à son commencement, autant elle était venue en exécration et tombée en mépris vers cette époque. Aussi les Florentins n’attendaient-ils qu’une occasion pour chasser Alexandre et Hippolyte de Florence ; mais leur oncle Clément VII, placé sur le trône pontifical, leur offrait un appui trop puissant pour que les derniers débris du parti républicain osassent rien entreprendre contre eux.

Le sac de Rome par les soldats du connétable de Bourbon, et l’emprisonnement du pape au château Saint-Ange, vinrent offrir aux Florentins l’occasion qu’ils attendaient.