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Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/245

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De ne jamais consentir à relever de l’autorité de Charles Quint.

De venger la mort du duc Alexandre.

De bien traiter le seigneur Jules et la signora Julia, ses enfans naturels.

Cosme accepta cette espèce de charte avec humilité, et le peuple accepta Cosme avec enthousiasme.

Mais il arriva pour le nouveau grand-duc ce qui arrive pour tous les hommes de génie qu’une révolution porte au pouvoir. Sur le premier degré du trône ils reçoivent des lois, sur le dernier ils en imposent.

La position était difficile, surtout pour un jeune homme de dix-huit ans ; il fallait lutter à la fois contre les ennemis du dedans et contre les ennemis du dehors. Il fallait substituer un gouvernement ferme, un pouvoir unitaire et une volonté durable, à tous ces gouvernemens flasques ou tyranniques, à tous ces pouvoirs opposés l’un à l’autre, et par conséquent destructifs l’un de l’autre, et à toutes ces volontés qui, tantôt parties d’en haut, tantôt parties d’en bas, faisaient un flux et un reflux éternel d’aristocratie et de démocratie, sur lequel il était impossible de rien fonder de solide et de durable. Et cependant avec tout cela il fallait encore ménager les libertés de ce peuple, afin que ni nobles, ni citoyens, ni artisans ne sentissent le maître. Il fallait enfin gouverner ce cheval, encore indocile à la tyrannie, avec une main de fer dans un gant de soie.

Cosme était au reste, de tous points, l’homme qu’il fallait pour mener à bout une telle œuvre. Dissimulé comme Louis XI, passionné comme Henri VIII, brave comme François Ier, persévérant comme Charles-Quint, magnifique comme Léon X, il avait tous les vices qui font la vie privée sombre, et toutes les vertus qui font la vie publique éclatante. Aussi sa famille fut-elle malheureuse, et son peuple heureux.

Il avait eu d’Éléonore de Tolède sa femme, sans compter un jeune prince mort à un an, cinq fils et quatre filles.

Ces fils étaient :