Aller au contenu

Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vers le commencement de 1669, M. de Beaufort reçut de Colbert l’ordre de soutenir Candie, assiégée par les Turcs. Sept jours après son arrivée, c’est-à-dire le 26 juin, le duc de Beaufort fit une sortie ; mais, emporté par son courage ou par son cheval, il ne reparut pas. À cette occasion, Navailles, son collègue dans le commandement de l’escadre française, se contente de dire, page 243, livre IV de ses Mémoires : « Le duc de Beaufort rencontra sur son chemin un gros de Turcs qui pressait quelques-unes de nos troupes. Il se mit à leur tête et combattit avec beaucoup de valeur ; mais il fut abandonné, et l’on n’a jamais pu savoir depuis ce qu’il était devenu. »

Selon Lagrange-Chancel, le duc de Beaufort aurait été enlevé, non par les soldats du sublime empereur, mais par les agens du roi très-chrétien, et au lieu d’avoir eu la tête coupée, il l’aurait eue, ce qui ne valait guère mieux, enfermée à perpétuité dans un masque de fer.


QUATRIÈME SYSTÈME.


Ce quatrième système, qui n’était pas loin non plus d’être celui de Voltaire, avait été répandu avec un prodigieux succès par l’auteur anonyme des Mémoires pour servir à l’histoire de Perse. Comme l’Histoire amoureuse des Gaules, les Mémoires pour servir à l’histoire de Perse racontent des anecdotes de la cour de France. Le roi y est appelé Cha-Abbas, le dauphin Sephi-Mirza, le comte de Vermandois Giafer, et le duc d’Orléans Ali-Homajou. Quant à la Bastille, elle était désignée sous le nom de la forteresse d’Ispahan, et les îles Sainte-Marguerite sous le nom de la citadelle d’Ormus.

Voici maintenant l’anecdote réduite à ses vrais noms :

Louis de Bourbon, comte de Vermandois, était, comme on le sait, fils naturel de Louis XIV et de mademoiselle de La Vallière. Comme à tous ses bâtards, Louis XIV lui portait une grande amitié, si bien que cette amitié ayant changé l’orgueil qui était propre au jeune prince en insolence, il s’oublia, dans une discussion avec le dauphin, jusqu’à lui donner un soufflet. C’était là un de ces outrages à la majesté royale que Louis XIV ne pouvait pardonner, même à