Page:Dumas - Une Année à Florence.djvu/82

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Je lui fis alors observer que mon passeport était parfaitement en règle.

— Eh ! qu’est-ce que cela me fait, me dit le commissaire, que votre Passeport soit en règle ou non ? Je ne m’en moque pas mal de votre passeport. Et il rentra dans sa baraque.

Je vis que le Commissaire était un insolent ou un imbécile, deux espèces qu’il faut ménager quand elles ont le pouvoir en main.

En conséquence, je me tus, me contentant de souhaiter tout bas qu’on donnât de l’avancement à monsieur le commissaire en le mettant auprès d’un fleuve où il y eût de l’eau.

Au bout d’une demi-heure d’attente, monsieur le commissaire sortit de sa baraque et nous annonça avec une morgue pleine de bienveillance qu’il ne s’opposait pas à ce que nous continuassions notre chemin.

En conséquence, nous nous engageâmes sur le pont.

À moitié chemin du pont se trouve un poteau.

Sur ce poteau, est écrit d’un côté le mot France, et de l’autre est peinte une croix, ce qui veut dire Sardaigne.

Nous nous retournâmes pour saluer d’un dernier adieu le pays natal.

Puis, avec cette émotion que j’ai éprouvée toutes les fois que j’ai quitté la patrie, je fis un pas.

Un pas avait suffi pour franchir la limite qui sépare les deux royaumes. Nous foulions la terre italique, nous étions dans les États de Sa Majesté le roi Charles-Albert.