Aller au contenu

Page:Dumas - Vingt ans après, 1846.djvu/325

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE XLV.

ENCORE UNE REINE QUI DEMANDE DU SECOURS.


lettrine Athos avait envoyé prévenir Aramis dès le matin, et avait donné sa lettre à Blaisois, seul serviteur qui lui fût resté. Blaisois trouva Bazin revêtant sa robe de bedeau ; il était ce jour-là de service à Notre-Dame. Athos avait recommandé à Blaisois de tâcher de parler à Aramis lui-même. Blaisois, grand et naïf garçon, qui ne connaissait que sa consigne, avait donc demandé l’abbé d’Herblay, et, malgré les assurances de Bazin qu’il n’était pas chez lui, il avait insisté de telle façon que Bazin s’était mis fort en colère. Blaisois, voyant Bazin en costume d’église, s’était peu inquiété des dénégations de Bazin, et avait voulu passer outre, croyant celui auquel il avait affaire doué de toutes les vertus de son habit, c’est-à-dire de la patience et de la charité chrétiennes. Mais Bazin, toujours valet de mousquetaire lorsque le sang montait à ses gros yeux, saisit un manche à balai et rossa Blaisois, en lui disant : — Vous avez insulté l’Église, mon ami, vous avez insulté l’Église.

En ce moment et à ce bruit inaccoutumé, Aramis était apparu entrouvrant avec précaution la porte de sa chambre à coucher.

Alors Bazin avait posé respectueusement son balai sur un de ses deux bouts, comme il avait vu à Notre-Dame le suisse faire de sa hallebarde, et Blaisois, avec un regard de reproche adressé au cerbère, avait tiré la lettre de sa poche et l’avait présentée à Aramis.

— Du comte de la Fère ? dit Aramis ; c’est bien.

Puis il était rentré sans même demander la cause de tout ce bruit.

Blaisois revint tristement à l’hôtel du Grand-Roi-Charlemagne. Athos lui demanda des nouvelles de sa commission. Blaisois raconta son aventure.

— Imbécile, dit Athos en riant, tu n’as donc pas annoncé que tu venais de ma part ? — Non, Monsieur. — Et qu’a dit Bazin quand il a su que vous étiez à moi ?