Page:Dumas - Vingt ans après, 1846.djvu/486

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D’Artagnan siffla son petit air d’incrédulité.

— Nous le verrons bien, dit Athos, car nous irons aux séances, je le présume. — Vous n’aurez pas longtemps à attendre, dit l’hôte, car elles commencent demain. — Ah çà ! répondit Athos, la procédure était donc instruite avant que le roi eût été pris ? — Sans doute, dit d’Artagnan, on l’a commencée du jour où il a été acheté. — Vous savez, dit Aramis, que c’est notre ami Mordaunt qui a fait, sinon le marché, du moins les premières ouvertures de cette petite affaire. — Vous savez, dit d’Artagnan, que partout où il me tombe sous la main, je le tue, M. Mordaunt. — Fi donc ! dit Athos, un pareil misérable ! — Mais c’est justement parce que c’est un misérable que je le tue, reprit d’Artagnan. Ah ! cher ami, je fais assez vos volontés pour que vous soyez indulgent aux miennes ; d’ailleurs, cette fois, que cela vous plaise ou non, je vous déclare que ce Mordaunt ne sera tué que par moi. — Et par moi, dit Porthos. — Et par moi, dit Aramis. — Touchante unanimité, s’écria d’Artagnan, et qui convient bien à de bons bourgeois que nous sommes. Allons faire un tour par la ville ; ce Mordaunt lui-même ne nous reconnaîtrait point à quatre pas avec le brouillard qu’il fait. Allons boire un peu de brouillard. — Oui, dit Porthos, cela nous changera de la bière.

Et les quatre amis sortirent en effet pour prendre, comme on le dit vulgairement, l’air du pays.