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Page:Dumas - Vingt ans après, 1846.djvu/578

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CHAPITRE LXXX.

LES AMBASSADEURS.


lettrine Les deux amis se mirent aussitôt en route, descendant la pente rapide du faubourg ; mais arrivés au bas de cette pente, ils virent avec grand étonnement que les rues de Paris étaient changées en rivières, et les places en lacs ; à la suite de grandes pluies qui avaient eu lieu pendant le mois de janvier, la Seine avait débordé, et la rivière avait fini par envahir la moitié de la capitale.

Athos et Aramis entrèrent bravement dans cette inondation avec leurs chevaux ; mais bientôt les pauvres animaux en eurent jusqu’au poitrail, et il fallut que les deux gentilshommes se décidassent à les quitter et à prendre une barque, ce qu’ils firent après avoir recommandé aux laquais d’aller les attendre aux Halles.

Ce fut donc en bateau qu’ils abordèrent le Louvre. Il était nuit close, et Paris, vu ainsi à la lueur de quelques pâles falots tremblotants parmi tous ces étangs, avec ses barques chargées de patrouilles aux armes étincelantes, avec tous ces cris de veille échangés la nuit entre les portes, Paris présentait un aspect dont fut ébloui Aramis, l’homme le plus accessible aux sentiments belliqueux qu’il fût possible de rencontrer.

On arriva chez la reine d’Angleterre, mais force fut de faire antichambre, Sa Majesté donnant en ce moment même audience à des gentilshommes qui apportaient des nouvelles de Londres.

— Et nous aussi, dit Athos au serviteur qui lui faisait cette réponse, nous aussi, non seulement nous apportons des nouvelles de Londres, mais encore nous en arrivons. — Comment donc vous nommez-vous, messieurs ? demanda le serviteur. — M. le comte de la Fère et M. le chevalier d’Herblay, dit Aramis. — Ah ! en ce cas, messieurs, dit le serviteur en entendant ces noms que tant de