Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/114

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— Puisque vous le voulez absolument, j’écoute.

— C’est une bien simple histoire, ajouta-t-il alors, et que je vous raconterai en suivant l’ordre des événements. Si vous en faites quelque chose plus tard, libre à vous de la conter autrement.

Voici ce qu’il me raconta, et c’est à peine si j’ai changé quelques mots à ce touchant récit.

— Oui, reprit Armand, en laissant retomber sa tête sur le dos de son fauteuil, oui, c’était par une soirée comme celle-ci ! J’avais passé ma journée à la campagne avec un de mes amis, Gaston R… Le soir nous étions revenus à Paris, et ne sachant que faire, nous étions entrés au théâtre des Variétés.

Pendant un entracte nous sortîmes, et, dans le corridor, nous vîmes passer une grande femme que mon ami salua.

— Qui saluez-vous donc là ? lui demandai-je.

— Marguerite Gautier, me dit-il.

— Il me semble qu’elle est bien changée, car je ne l’ai pas reconnue, dis-je avec une émotion que vous comprendrez tout à l’heure.

— Elle a été malade ; la pauvre fille n’ira pas loin.

Je me rappelle ces paroles comme si elles m’avaient été dites hier.

— Il faut que vous sachiez, mon ami, que depuis deux ans