Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/138

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— Vous en connaissez un, M. Gaston R…

— Ah ! oui, je le connais ; et l’autre ?

— M. Armand Duval. Vous ne le connaissez pas.

— Non ; mais amenez-les toujours, j’aime mieux tout que le comte. Je vous attends, venez vite.

Marguerite referma sa fenêtre, Prudence la sienne.

Marguerite, qui s’était un instant rappelé mon visage, ne se rappelait pas mon nom. J’aurais mieux aimé un souvenir à mon désavantage que cet oubli.

— Je savais bien, dit Gaston, qu’elle serait enchantée de nous voir.

— Enchantée n’est pas le mot, répondit Prudence en mettant son châle et son chapeau, elle vous reçoit pour faire partir le comte. Tâchez d’être plus aimables que lui, ou, je connais Marguerite, elle se brouillera avec moi.

Nous suivîmes Prudence qui descendait.

Je tremblais ; il me semblait que cette visite allait avoir une grande influence sur ma vie.

J’étais encore plus ému que le soir de ma présentation dans la loge de l’Opéra-Comique.

En arrivant à la porte de l’appartement que vous connaissez, le cœur me battait si fort que la pensée m’échappait.

Quelques accords de piano arrivaient jusqu’à nous.

Prudence sonna.