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Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/20

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VI


des grandes loges de l’avant-scène, et, sur le devant de cette loge, s’avancer, un bouquet à la main, cette même beauté que j’avais vue au boulevard. C’était elle ! Mais, cette fois, dans le grand habit d’une femme à la mode, et brillante de toutes les splendeurs de la conquête. Elle était coiffée à ravir, ses beaux cheveux mêlés aux diamants et aux fleurs, et relevés avec cette grâce étudiée qui leur donnait le mouvement et la vie ; elle avait les bras nus et la poitrine nue, et des colliers, et des bracelets, et des émeraudes. Elle tenait à la main un bouquet, de quelle couleur ? je ne saurais le dire ; il faut avoir les yeux d’un jeune homme et l’imagination d’un enfant pour bien distinguer la couleur de la fleur sur laquelle se penche un beau visage. À nos âges, on ne regarde que la joue et l’éclat du regard, on s’inquiète peu de l’accessoire, et si l’on s’amuse à tirer des conséquences, on les tire de la personne même, et l’on se trouve assez occupé, en vérité.

Ce soir-là Duprez venait d’entrer en lutte avec cette voix rebelle dont il pressentait déjà les révoltes définitives ; mais il était seul à les pressentir, et le public ne s’en doutait pas encore. Seulement dans le public le plus attentif, quelques amateurs devinaient la fatigue sous l’habileté, et l’épuisement de l’artiste