des grandes loges de l’avant-scène, et, sur le devant
de cette loge, s’avancer, un bouquet à la main, cette
même beauté que j’avais vue au boulevard. C’était
elle ! Mais, cette fois, dans le grand habit d’une femme
à la mode, et brillante de toutes les splendeurs de la
conquête. Elle était coiffée à ravir, ses beaux cheveux
mêlés aux diamants et aux fleurs, et relevés avec
cette grâce étudiée qui leur donnait le mouvement et
la vie ; elle avait les bras nus et la poitrine nue, et
des colliers, et des bracelets, et des émeraudes. Elle
tenait à la main un bouquet, de quelle couleur ? je
ne saurais le dire ; il faut avoir les yeux d’un jeune
homme et l’imagination d’un enfant pour bien distinguer
la couleur de la fleur sur laquelle se penche
un beau visage. À nos âges, on ne regarde que la
joue et l’éclat du regard, on s’inquiète peu de l’accessoire,
et si l’on s’amuse à tirer des conséquences,
on les tire de la personne même, et l’on se trouve
assez occupé, en vérité.
Ce soir-là Duprez venait d’entrer en lutte avec cette voix rebelle dont il pressentait déjà les révoltes définitives ; mais il était seul à les pressentir, et le public ne s’en doutait pas encore. Seulement dans le public le plus attentif, quelques amateurs devinaient la fatigue sous l’habileté, et l’épuisement de l’artiste