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Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/277

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sur le canapé dans l’ombre de la chambre ; à quoi bon aller dépenser de l’argent là-bas ? je t’en coûte déjà bien assez ici.

— Tu me le reproches, Marguerite, ce n’est pas généreux.

— Pardon, ami, fit-elle en me tendant la main, ce temps d’orage me fait mal aux nerfs ; je ne dis pas ce que je veux dire.

Et, après m’avoir embrassé, elle tomba dans une longue rêverie.

Plusieurs fois des scènes semblables eurent lieu, et si j’ignorais ce qui les faisait naître, je ne surprenais pas moins chez Marguerite un sentiment d’inquiétude pour l’avenir. Elle ne pouvait douter de mon amour, car chaque jour il augmentait, et cependant je la voyais souvent triste sans qu’elle m’expliquât jamais le sujet de ses tristesses, autrement que par une cause physique.

Craignant qu’elle ne se fatiguât d’une vie trop monotone, je lui proposais de retourner à Paris, mais elle rejetait toujours cette proposition, et m’assurait ne pouvoir être heureuse nulle part comme elle l’était à la campagne.

Prudence ne venait plus que rarement, mais, en revanche, elle écrivait des lettres que je n’avais