Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/290

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que l’air à la vie, et c’est peut-être ridicule, mais je t’aime mieux somptueuse que simple.

— Alors c’est que tu ne m’aimes plus.

— Folle !

— Si tu m’aimais, tu me laisserais t’aimer à ma façon ; au contraire, tu ne continues à voir en moi qu’une fille à qui ce luxe est indispensable, et que tu te crois toujours forcé de payer. Tu as honte d’accepter des preuves de mon amour. Malgré toi, tu penses à me quitter un jour, et tu tiens à mettre ta délicatesse à l’abri de tout soupçon. Tu as raison, mon ami, mais j’avais espéré mieux.

Et Marguerite fit un mouvement pour se lever ; je la retins en lui disant :

— Je veux que tu sois heureuse, et que tu n’aies rien à me reprocher, voilà tout.

— Et nous allons nous séparer !

— Pourquoi, Marguerite ? Qui peut nous séparer ? m’écriai-je.

— Toi, qui ne veux pas me permettre de comprendre ta position, et qui as la vanité de me garder la mienne ; toi, qui en me conservant le luxe au milieu duquel j’ai vécu, veux conserver la distance morale qui nous sépare ; toi, enfin, qui ne crois pas