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Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/303

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toute carrière. Un pas de plus et vous ne pourrez plus quitter la route où vous êtes, et vous aurez, toute votre vie, le remords de votre jeunesse. Partez, venez passer un mois ou deux auprès de votre sœur. Le repos et l’amour pieux de la famille vous guériront vite de cette fièvre, car ce n’est pas autre chose.

Pendant ce temps, votre maîtresse se consolera, elle prendra un autre amant, et quand vous verrez pour qui vous avez failli vous brouiller avec votre père et perdre son affection, vous me direz que j’ai bien fait de venir vous chercher, et vous me bénirez.

Allons, tu partiras, n’est-ce pas, Armand ?

Je sentais que mon père avait raison pour toutes les femmes, mais j’étais convaincu qu’il n’avait pas raison pour Marguerite. Cependant le ton dont il m’avait dit ses dernières paroles était si doux, si suppliant que je n’osais lui répondre.

— Eh bien ? fit-il d’une voix émue.

— Eh bien, mon père, je ne puis rien vous promettre, dis-je enfin ; ce que vous me demandez est au-dessus de mes forces. Croyez-moi, continuai-je en le voyant faire un mouvement d’impatience, vous vous exagérez les résultats de cette liaison. Marguerite n’est pas la fille que vous croyez. Cet amour, loin de me