Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/322

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larmes de Marguerite pendant toute la journée, larmes que le bon accueil de mon père m’avait fait oublier un peu.

A partir de ce moment, tous les incidents du jour vinrent se grouper autour de mon premier soupçon et le fixèrent si solidement dans mon esprit que tout le confirma, jusqu’à la clémence paternelle.

Marguerite avait presque exigé que j’allasse à Paris ; elle avait affecté le calme lorsque je lui avais proposé de rester auprès d’elle. Étais-je tombé dans un piège ! Marguerite me trompait-elle ? avait-elle compté être de retour assez à temps pour que je ne m’aperçusse pas de son absence, et le hasard l’avait-il retenue ! Pourquoi n’avait-elle rien dit à Nanine, ou pourquoi ne m’avait-elle pas écrit ? Que voulaient dire ces larmes, cette absence, ce mystère ?

Voilà ce que je me demandais avec effroi, au milieu de cette chambre vide, et les yeux fixés sur la pendule qui, marquant minuit, semblait me dire qu’il était trop tard pour que j’espérasse encore voir revenir ma maîtresse.

Cependant, après les dispositions que nous venions de prendre, avec le sacrifice offert et accepté, était-il vraisemblable qu’elle me trompât ? Non. J’essayai de rejeter mes premières suppositions.