Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/346

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Marguerite dansant avec le comte de N… lequel paraissait tout fier de la montrer, et semblait dire à tout le monde :

— Cette femme est à moi.

J’allai m’adosser à la cheminée, juste en face de Marguerite, et je la regardai danser. A peine m’eut-elle aperçu qu’elle se troubla. Je la vis et je la saluai distraitement de la main et des yeux.

Quand je songeais que, après le bal, ce ne serait plus avec moi, mais avec ce riche imbécile qu’elle s’en irait, quand je me représentais ce qui vraisemblablement allait suivre leur retour chez elle, le sang me montait au visage, et le besoin me venait de troubler leurs amours.

Après la contredanse, j’allai saluer la maîtresse de la maison, qui étalait aux yeux des invités des épaules magnifiques et la moitié d’une gorge éblouissante.

Cette fille-là était belle, et, au point de vue de la forme, plus belle que Marguerite. Je le compris mieux encore à certains regards que celle-ci jeta sur Olympe pendant que je lui parlais. L’homme qui serait l’amant de cette femme pourrait être aussi fier que l’était M. de N... et elle était assez belle pour