Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/360

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— Non, mon ami, les circonstances ont été plus fortes que ma volonté. J’ai obéi, non pas à mes instincts de fille, comme vous paraissez le dire, mais à une nécessité sérieuse et à des raisons que vous saurez un jour, et qui vous feront me pardonner.

— Pourquoi ne me dites-vous pas ces raisons aujourd’hui ?

— Parce qu’elles ne rétabliraient pas un rapprochement impossible entre nous, et qu’elles vous éloigneraient peut-être des gens dont vous ne devez pas vous éloigner.

— Quelles sont ces gens ?

— Je ne puis vous le dire.

— Alors, vous mentez.

Marguerite se leva et se dirigea vers la porte.

Je ne pouvais assister à cette muette et expressive douleur sans en être ému, quand je comparais en moi même cette femme pâle et pleurante à cette fille folle qui s’était moquée de moi à l’Opéra-Comique.

— Vous ne vous en irez pas, dis-je en me mettant devant la porte.

— Pourquoi ?

— Parce que, malgré ce que tu m’as fait, je t’aime toujours et que je veux te garder ici.

— Pour me chasser demain,