Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/73

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ou plutôt mon portier qui me servait de domestique, alla ouvrir et me rapporta une carte, en me disant que la personne qui la lui avait remise désirait me parler.

Je jetai les yeux sur cette carte et j’y lus ces deux mots :

Armand Duval.

Je cherchai où j’avais déjà vu ce nom, et je me rappelai la première feuille du volume de Manon Lescaut.

Que pouvait me vouloir la personne qui avait donné ce livre à Marguerite ? Je dis de faire entrer tout de suite celui qui attendait.

Je vis alors un jeune homme blond, grand, pâle, vêtu d’un costume de voyage qu’il semblait ne pas avoir quitté depuis quelques jours et ne s’être même pas donné la peine de brosser en arrivant à Paris, car il était couvert de poussière.

M. Duval, fortement ému, ne fit aucun effort pour cacher son émotion, et ce fut des larmes dans les yeux et un tremblement dans la voix qu’il me dit :

— Monsieur, vous excuserez, je vous prie, ma visite et mon costume ; mais outre qu’entre jeunes gens on ne se gêne pas beaucoup, je désirais tant