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Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome I.djvu/145

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naîtrai-je jamais tant d’amour, bonne et chère Marguerite ?

Marguerite.

Eh bien, maintenant que tu sais tout, laisse-moi partir.

Armand.

Partir !

Marguerite.

M’éloigner, du moins ! Ton père ne peut-il pas arriver d’un instant à l’autre ? Mais je serai là à deux pas de toi, dans le jardin, avec Gustave et Nichette ; tu n’auras qu’à m’appeler pour que je revienne. Comment pourrais-je me séparer de toi ? Tu calmeras ton père, s’il est irrité, et puis notre projet s’accomplira, n’est-ce pas ? Nous vivrons ensemble tous les deux, et nous nous aimerons comme auparavant, et nous serons heureux comme nous le sommes depuis trois mois ! Car tu es heureux, n’est-ce pas ? car tu n’as rien à me reprocher ? Dis-le-moi, cela me fera du bien. Mais, si je t’ai jamais causé quelque peine, pardonne-moi, ce n’était pas de ma faute, car je t’aime plus que tout au monde. Et toi aussi, tu m’aimes, n’est-ce pas ? Et, quelque preuve d’amour que je t’eusse donnée, tu ne m’aurais ni méprisée, ni maudite…

Armand.

Mais pourquoi ces larmes ?

Marguerite.

J’avais besoin de pleurer un peu ; mais maintenant, tu vois, je suis calme. Je vais rejoindre Nichette et Gustave. Je suis là, toujours à toi, toujours prête à te rejoindre, t’aimant toujours. Tiens, je souris ; à bientôt, pour toujours.

Elle sort en lui envoyant des baisers.