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Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome I.djvu/170

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Marguerite.

Oui ! que vous retourniez auprès de votre père, et cela tout de suite.

Armand.

Et pourquoi, madame ?

Marguerite.

Parce que M. de Varville va vous provoquer, et que je ne veux pas qu’il arrive un malheur pour moi. Je veux être seule à souffrir.

Armand.

Ainsi vous me conseillez de fuir une provocation ! Vous me conseillez une lâcheté ! Quel autre conseil, en effet, pourrait donner une femme comme vous ?

Marguerite.

Armand, je vous jure que, depuis un mois, j’ai tant souffert, que c’est à peine si j’ai la force de le dire ; je sens bien le mal qui augmente et me brûle. Au nom de notre amour passé, au nom de ce que je souffrirai encore, Armand, au nom de votre mère et de votre sœur, fuyez-moi, retournez auprès de votre père et oubliez jusqu’à mon nom, si vous pouvez.

Armand.

Je comprends, madame : vous tremblez pour votre amant qui représente votre fortune. Je puis vous ruiner d’un coup de pistolet ou d’un coup d’épée. Ce serait là, en effet, un grand malheur.

Marguerite.

Vous pouvez être tué, Armand, voilà le malheur véritable !

Armand.

Que vous importe que je vive ou que je meure ! Quand vous m’avez écrit : « Armand, oubliez-moi, je suis la maîtresse d’un autre ! » vous êtes-vous souciée de ma vie ?