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Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome I.djvu/179

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Marguerite.

Mal et mieux ! Mal de corps, mieux d’esprit. Hier au soir j’ai eu tellement peur de mourir, que j’ai envoyé chercher un prêtre. J’étais triste, désespérée, j’avais peur de la mort ; cet homme est entré, il a causé une heure avec moi, et désespoir, terreur, remords, il a tout emporté avec lui. Alors, je me suis endormie, et je viens de me réveiller.

Le docteur.

Tout va bien, madame, et je vous promets une entière guérison pour les premiers jours du printemps.

Marguerite.

Merci, docteur… C’est votre devoir de me parler ainsi. Quand Dieu a dit que le mensonge serait un péché, il a fait une exception pour les médecins, et il leur a permis de mentir autant de fois par jour qu’ils verraient de malades. (À Nanine, qui rentre.) Qu’est-ce que tu apportes là ?

Nanine.

Ce sont des cadeaux, madame.

Marguerite.

Ah ! oui, c’est aujourd’hui le 1er janvier !… Que de choses depuis l’année dernière ! Il y a un an, à cette heure, nous étions à table, nous chantions, nous donnions à l’année qui naissait le même sourire que nous venions de donner à l’année morte. Où est le temps, mon bon docteur, où nous riions encore ? (Ouvrant les paquets.) Une bague avec la carte de Saint-Gaudens. — Brave cœur ! Un bracelet, avec la carte du comte de Giray, qui m’envoie cela de Londres. — Quel cri il pousserait s’il me voyait dans l’état où je suis !… et puis des bonbons… Allons, les hommes ne sont pas aussi oublieux que je le croyais ! Vous avez une petite nièce, docteur !

Le docteur.

Oui, madame.