Aller au contenu

Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome I.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autres femmes, si elle te demande le sacrifice de ce portrait, fais-le-lui sans crainte, sans remords ; ce sera justice, et je te pardonne d’avance. — La femme qui aime souffre trop quand elle ne se sent pas aimée… Entends-tu, mon Armand, tu as bien compris ?



Scène IX

Les mêmes, NANINE, puis NICHETTE, GUSTAVE et GASTON.
Nichette entre avec effroi, et devient plus hardie à mesure qu’elle voit Marguerite lui sourire et Armand à ses pieds.
Nichette.

Ma bonne Marguerite, tu m’avais écrit que tu étais mourante, et je te retrouve souriante et levée.

Armand, bas.

Oh ! Gustave, je suis bien malheureux !

Marguerite.

Je suis mourante, mais je suis heureuse aussi, et mon bonheur cache ma mort. — Vous voilà donc mariés ! — Quelle chose étrange que cette première vie, et que va donc être la seconde ?… Vous serez encore plus heureux qu’auparavant. — Parlez de moi quelquefois, n’est-ce pas ? Armand, donne-moi ta main… Je t’assure que ce n’est pas difficile de mourir. (Gaston entre.) Voilà Gaston qui vient me chercher… Je suis aise de vous voir encore, mon bon Gaston. Le bonheur est ingrat : je vous avais oublié… (À Armand.) Il a été bien bon pour moi… Ah ! c’est étrange.

Elle se lève.
Armand.

Quoi donc ?…

Marguerite.

Je ne souffre plus. On dirait que la vie rentre en moi…