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Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome I.djvu/42

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contre ses parents mêmes, sl jusque-là elle avait subi leur influence ; aujourd’hui que la femme contracte sciemment, soit qu’elle demande au mariage l’amour, ou la fortune, ou la noblesse, ou le plaisir, ou le bonheur, comme elle connaît parfaitement les termes du contrat, le jour où elle y manque, elle n’a pas d’excuse et elle est… Faut-il le dire ?

« Soit, répliquent les femmes : nous ne subissons plus l’autorité directe de nos parents ; mais leur autorité morale, nous la subissons toujours. Nous sommes sans expérience ; nous ne nous défions pas, nous ne connaissons pas le Code ; nous ignorons nos droits ; et, d’ailleurs, où puiserions-nous le courage de les faire valoir ? Nous sommes élevées dans le respect et l’obéissance, nos parents eux-mêmes se trompent quelquefois avec les meilleures intentions du monde. On nous présente un jeune homme qui paraît réunir toutes les qualités requises, bonne famille, bonne naissance, bonne éducation, fortune, esprit, talents, élégance, beauté même ; il nous plaît, nous l’aimons, c’est si facile de plaire à une jeune fille ! nous l’épousons de tout cœur, et, six mois après, quelquefois le lendemain, le masque tombe, et nous nous trouvons en face d’un débauché, d’un joueur, d’un homme qui nous ruine et nous bat, qui nous abandonne, et qui empoisonne non seulement notre cœur, mais quelquefois notre corps, alors — alors…

— Alors, quoi, madame ?

— Alors, comme nous sommes des êtres faibles, comme nous poursuivons toujours un idéal, comme nous ne voulons pas renoncer à notre rêve, comme nous voulons aimer enfin, nous nous laissons aller à aimer un autre homme ; prenez-vous-en au mari qui nous trompe et à la loi qui nous opprime ! »

À mon tour.

J’accepte toute votre histoire et toutes vos raisons ; j’admets que vous soyez unie à un être repoussant et méprisable, que vous éprouviez le besoin de verser vos chagrins, vos rêves, vos déceptions, vos douleurs dans le