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Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome I.djvu/60

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propres yeux vu, et Dieu sait que madame ne m’a pas donné le mot, puisqu’elle n’a aucune raison de vous tromper, et ne tient ni à être bien, ni à être mal avec vous. Je puis donc affirmer qu’il y a deux ans madame, après une longue maladie, est allée aux eaux pour achever de se rétablir. Je l’accompagnais. Parmi les malades de la maison des bains se trouvait une jeune fille à peu près de son âge, atteinte de la même maladie qu’elle, seulement atteinte au troisième degré, et lui ressemblant comme une sœur jumelle. Cette jeune fille, c’était mademoiselle de Mauriac, la fille du duc.

Varville.

Mademoiselle de Mauriac mourut.

Nanine.

Oui.

Varville.

Et le duc, désespéré, retrouvant dans les traits, dans l’âge, et jusque dans la maladie de Marguerite, l’image de sa fille, la supplia de le recevoir et de lui permettre de l’aimer comme son enfant. Alors Marguerite lui avoua sa position.

Nanine.

Car madame ne ment jamais.

Varville.

Naturellement. Et comme Marguerite ne ressemblait pas à mademoiselle de Mauriac autant au moral qu’au physique, le duc lui promit tout ce qu’elle voudrait, si elle consentait à changer d’existence, ce à quoi s’engagea Marguerite, qui, naturellement encore, de retour à Paris, se garda de tenir parole ; et le duc, comme elle ne lui rendait que la moitié de son bonheur, a retranché la moitié du revenu ; si bien qu’aujourd’hui elle a cinquante mille francs de dettes.

Nanine.

Que vous offrez de payer ; mais on aime mieux devoir