Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome VII.djvu/16

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U ’ LA PRINCESSE DE BAGDAD. RICHARD. Pourquoi tenez-vous tant à. ces lettres ? LIONNETTE. Vous le demandez, monsieur Richard ? Pourquoi tient- on aux lettres d’un père qu’on aimait, qui vous aimait, qui était l’homme qu’était mon père et qui est mort ?

RICHARD. Qu’est-ce que vous comptez en faire ? LIONNETTE. Les garder, les relire, comme cela m’arrive de temps en temps, lorsque les vivants m’ennuient ou me dégoû¬ tent ; et quand je mourrai, les emporter avec moi pour les lui rendre — à lui — s’il est vrai qu’on se retrouve dans la mort quand on s’est aimé dans la vie. Qui sait ? Après avoir été si puissant sur la terre, il n’aura peut-être que moi au ciel. Il faut bien que je garde quelque chose pour me faire reconnaître — là haut — puisqu’il n’a pas pu me reconnaître ici-bas. JEAN, à Richard. Comment ne pas adorer cette femme-là. ( il lui prend la tête dans les mains et lui baise les cheveux). Tiens.... tiens.... RICHARD, prenant la main de Lionnette. Le fait est qu’elle a de la race, et qu’on vous a bien nommée en vous nommant Lionnette — petite lionne — mais malheureusement ce n’est pas avec ça qu’on paie les créanciers, et je vous ai offert le seul moyen qui vous reste. LIONNETTE. Dieu a donné ; Dieu donnera ; s’il n’y pense pas, au petit bonheur !