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Page:Dumas les garibaldiens revolution de sicile 1861.djvu/154

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LES GARIBALDIENS

Chaque voiture eut son drapeau et même ses drapeaux.

J’étendais le bras pour en prendre un lorsque La Porta me dit :

— Attendez, je vais vous donner le mien.

Et, appelant un de ses guerrilleros :

— Dis à mon porte-bannière de m’apporter mon drapeau.

Le porte-bannière accourut ; La Porta me mit dans les mains son drapeau, percé de trente-huit balles. Il en résulta que les honneurs de la journée furent à moi, à cause du drapeau.

À chaque groupe entassé sur un perron, j’étais obligé d’abaisser le drapeau, que les femmes saisissaient à pleines mains et baisaient avec cette ardeur que les Siciliennes mettent à tout ce qu’elles font.

Nous passâmes devant un couvent de religieuses. Les pauvres recluses, suspendues à leurs grilles, criaient avec frénésie : « Vive l’Italie ! » battaient des mains avec fureur, se tordaient les bras de joie.

La marche dura plus d’une heure avec un délire toujours croissant. Enfin, on arriva sur la place du Château, où toute cette multitude put s’étendre.

Garibaldi attendait sur la galerie de son pavillon, planant au-dessus de tout ce bruit, comme s’il avait déjà atteint les sphères sereines.