Nous avions tous deux un égal désir de nous voir, quoique j’ignorasse ce détail ; mais j’aspirais à avoir des nouvelles du général.
J’envoyai mon canot l’inviter de ma part à venir déjeuner à bord de l’Emma. Il accepta ; une heure après, il était à bord.
Orlandini avait quitté le général à la hauteur du Pizzo, continuant sa marche sur Naples.
Il comptait repartir dans la journée.
— Restez, lui dis-je ; je vous ferai voir ce soir des choses dont vous ne vous doutez pas et que vous reporterez au général ; ces deux mots : J’ai vu ! valent mieux que la plus longue lettre.
Il me promit de rester jusqu’à minuit et retourna à son bord pour veiller au débarquement de ses prisonniers.
À peine était-il remonté sur le Ferruccio, qu’un jeune officier de vingt-cinq à vingt-six ans, blond, d’une figure douce quoique avec des yeux résolus, montait l’échelle de l’Emma.
Il avait, prétendait-il, quelque chose de particulier à me dire.
Nous allâmes nous asseoir sur le tillac, où était déjà assis un Napolitain que le père Gavazzi m’avait prié de recevoir à mon bord avec un de ses camarades ; tous deux, m’avait dit le père Gavazzi, étaient des déserteurs, qui voulaient prendre du