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LES GARIBALDIENS

Proscrit, presque prisonnier à l’île de la Madeleine, Garibaldi voyait s’étendre devant lui l’île inculte et rocheuse de Caprera,

Il souriait tristement, cet homme qui avait usé vingt ans de son existence à combattre pour la liberté de deux mondes, dont la vie avait été un long dévouement, un éternel sacrifice, en songeant qu’il n’avait pas une pierre où reposer sa tête.

Alors il se dit à lui-même :

— Celui qui posséderait cette île, qui l’habiterait seul, loin des hommes qui ne savent que persécuter et proscrire, celui-là serait heureux !

Dix ans après, Garibaldi, qui n’avait jamais pensé que cet heureux mortel pût être lui, héritait quarante mille francs de son frère.

Avec treize mille francs, il acheta cette île objet de son ambition ; avec quinze mille autres, il acheta un petit navire, et, avec le reste, il se mit, aidé de fils et de son ami Orrigoni, à bâtir cette maison blanche qu’on voit de la mer, la seule qui s’élève dans l’île.

Or, si les balles autrichiennes, si les boulets napolitains l’épargnent comme ont fait les balles et les boulets brésiliens, c’est là que reviendra mourir cet homme qui aura donné des provinces et, qui sait ? peut-être un royaume à un roi, et qui, riche de son rocher, n’aura rien accepté de ce roi, pas