La rue fut encombrée ; tout le monde était à pied, même les femmes les plus élégantes ; les voitures eussent nui à la circulation, personne n’avait pris sa voiture.
Maniscalco était furieux ; que dire à ces promeneurs inoffensifs, sans armes, qui ne poussaient aucun cri ?
Le démon lui souffla une idée : c’était, puisqu’ils ne criaient pas : « Vive Garibaldi ! vive Victor-Emmanuel ! » de leur faire crier : « Vive le roi de Naples ! »
Un groupe de soldats et de sbires s’avança dans la rue, criant :
— Vive François II !
Personne ne répondit.
Les soldats et les sbires entourèrent un groupe.
— Criez : « Vive François II ! » dirent-ils à ceux dont ce groupe était composé.
Un profond silence se fit.
Au milieu de ce silence, un homme jeta son chapeau en l’air et cria :
— Vive Victor-Emmanuel !
Il tomba aussitôt percé de coups de baïonnette.
Alors, la fusillade, la baïonnette et le poignard firent leur œuvre ; deux hommes furent tués ; trente personnes, femmes ou enfants, furent blessées.
Toute la population se retira sans répondre autre chose à ces meurtres, à ce massacre, à ce sang