Aller au contenu

Page:Dumersan et Brazier - Monsieur Cagnard ou les Conspirateurs.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Agathe.

Elle est bien heureuse, celle-là.

Delaune.

Mais vous ne la connaissez pas.

Cagnard.

C’est égal, c’est une affaire de commerce. On me tourmente ici avec la garde nationale. Habillez-vous donc ! Une nuit au corps-de-garde m’abîme pour huit jours ; le lendemain j’ai la figure pâle, défaite, je suis atroce. (regardant autour de lui.) Ah ! çà, fermons les portes ; vous savez le bruit qui court ; (mystérieusement.) on dit qu’une jeune princesse est à Paris.

Delaune.

Je le sais.

Cagnard, à madame Delaune.

Et d’un autre côté, on écrit que le jeune homme est dans la capitale.

Madame Delaune.

J’en étais instruite.

Cagnard, à Delaune.

On dit qu’elle fera incessamment son entrée solemnelle.

Delaune, souriant.

Vous ne m’apprenez rien de nouveau.

Cagnard, à madame Delaune.

L’on assure que le 20 mars, à midi, midi et demi, il sortira de la colonne.

Madame Delaune.

Je l’avais prédit.

Cagnard.

Lequel croire ? (à madame Delaune.) En attendant, à de certaines heures, il fait des visites à ses partisans.

Madame Delaune.

Certainement, chez tous…

Cagnard, à Delaune.

Elle a déjà été, dit-on, dans plusieurs maisons du noble faubourg.

Delaune.

Nous savons cela, mon cher monsieur Cagnard.

Cagnard.

Vraiment !… mais dites-moi donc, à présent que ma peur est passée, je déjeunerais bien.

Agathe.

Pourquoi n’êtes-vous pas venu plus tôt. Je vais vous faire servir quelque chose. (Elle va à la porte.) Geneviève, servez le déjeuner de M. Cagnard.

Cagnard.

Mon Dieu ! la moindre chose, ma petite associée… une tranche de gigot, un poulet rôti, un perdreau truffé, des pommes de terre à l’huile, des confitures.