Page:Dumersan et Brazier - Monsieur Cagnard ou les Conspirateurs.djvu/26

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Manique.

C’est un ancien patriote de mes amis qu’est à la tête, et qui m’a mis dedans… Voulez-vous que je vous y fasse mettre aussi ?

Cagnard, tremblant.

Moi, mon cher !…

Manique.

Vous hésitez ?… tant pis pour vous, parce qu’il faut qu’on se prononce.

Cagnard, tremblant.

Je me prononcerai quand il faudra. Je ne suis pas éloigné de la république… du tout… du tout…

Manique.

Vous n’êtes pas dégoûté.

Cagnard.

Mais cependant comment la voulez-vous… La voulez-vous une et indivisible ?

Manique.

Oui, avec la liberté, l’égalité, la fraternité et la mort.

Cagnard.

Oh ! non… pas la mort… la mort gâte tout… Disons pour la vie, monsieur… c’est-à-dire, citoyen Manique.

Manique.

C’est ça… voilà l’ancien estyle… Ah ! le joli temps, ousqu’on mettait dans les bureaux : Ici l’on se tutoie…

Cagnard.

Fermez la porte, s’il vous plaît.

Manique.

Ousqu’on lisait dans les estaminets : Ici l’on s’honore du titre de citoyen.

Cagnard.

Et on fume…

Manique.

Oui… on fumait aussi, on avait la liberté.

Cagnard.

C’était très agréable.

Manique.

Ça me rajeunit, moi, ces idées-là… Je crois me retrouver au temps où je m’ai marié pour la première fois… c’était après la fête des sans-culotides… j’avais fait la connaissance d’une jolie fille…

Cagnard.

Ah ! oui, une jeune sans-culotte !

Manique.

Qui avait fait la déesse de la Liberté sur l’autel de la patrie.

Cagnard.

Et vous avez épousé la Liberté ?

Manique.

Celle de la section des Gravilliers.