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MONSIEUR CAGNARD,
OU
LES CONSPIRATEURS.



Le théâtre représente un petit salon très simple. Une seule porte d’entrée à gauche du spectateur. Du même côté une psyché. À droite une grande armoire. Au fond, une petite porte secrète cachée dans la boiserie. Fenêtres. Deux tables. Sur celle à gauche, tout ce qu’il faut pour écrire ; sur celle à droite, une carafe et un verre sur une assiette. Quelques sièges. Un grand carton dans lequel est un bonnet de grenadier.
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Scène première.

JULIETTE, en homme, mais avec un chapeau et un manteau de femme, PROSPER, en garde national.
(Prosper entre le premier et dépose au fond du théâtre un carton et un sac de voyage, puis il va au-devant de Juliette.)
Prosper.

Te voilà donc arrivée, ma chère Juliette ?

Juliette.

Oui, mon ami ; heureusement, car je m’ennuyais bien de vivre éloignée de mon mari.

Prosper.

Nous ne serons plus séparés ! Mais si tu savais comme j’étais inquiet de te savoir seule dans une voiture publique.

Juliette.

J’avais pris mes précautions. (Elle entr’ouvre son manteau.) Tiens, je passais aux yeux de mes compagnons de voyage pour un jeune étudiant qui allait faire son droit à Paris.

Prosper.

Et ils l’ont cru ?

Juliette.

Sans doute, ils m’ont demandé si j’allais signer les protestations ; mais, mon ami, tu vas me présenter à ton oncle et à ta tante ?

Prosper.

Pas encore. Il faut prendre nos mesures… D’abord je t’ai fait entrer dans la maison sans être vue ni du portier ni de sa femme.

Juliette.

Pourquoi donc tant de mystère ?