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semblable son droit imprescriptible, droit qu’il a reçu directement du Tout-Puissant ; et si l’on savait comment s’y prendre, on lui ravirait aussi l’air et la lumière ; quant à l’eau elle est déjà monopolée autant qu’on l’a pu.

« Il est étonnant, sans doute, que l’on ait introduit sur ce vaste et magnifique continent, où toutes les créatures nageaient dans l’abondance et la profusion de tout ce que produit la nature, et où n’existait aucun des ces motifs de langueur et de destruction, ces horribles systèmes, causes de tant de misères et de malheurs dans les trois autres parties du monde ! Il est étrange que des gouvernements, maîtres de leurs actions, n’aient pu trouver un mode plus équitable, pour ne pas dire rationnel, pour établir le surplus de leur population ! Ce fait prouve un mal, un mal radical que la lumière du 19e siècle devrait certainement dissiper.

« Comment remédier à ce système vicieux sans violer les droits des individus ? Hélas ! violer quoi ! les droits de 150 à 200 personnes ? c’est beaucoup trop en vérité. Que dit l’autre côté de la question ? Comment, d’abord, a-t-on pu obtenir ces droits ? Dans des temps de barbarie, dans les siècles de fer, lorsque la force et le pouvoir faisaient le droit, lorsqu’un homme, s’il avait le malheur d’être né de parents pauvres, était regardé, pour ainsi dire, comme inférieur à la brute, et était certainement plus maltraité. Combien ? Quelles multitudes de ces hommes ont été sacrifiés pour le simple amusement de quelques grands en pouvoir ! Ces multitudes ne sont-elles que des troupeaux ? Non, vous, Messieurs, ni aucun homme réfléchi, vous ne direz pas cela. »

Abandonnons ces justes, mais bien tristes réflexions, que fait malgré lui l’homme qui pense.