Page:Dumesnil - Réflexions préliminaires des vrais principes politiques, 1849.djvu/17

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nité, c’est faire triompher le vice sur la vertu ; c’est livrer l’innocence au coupable comme une proie ; c’est mettre la propriété à la merci de la rapine, et la vie entre les mains de la cruauté. La loi de la nature permet, et même oblige de nous défendre pour notre préservation. C’est un devoir, non-seulement envers nous, mais envers la société. Cicéron a dit que quiconque ne résiste pas au méchant, est coupable du même crime que celui qui déserte ses parens, ses amis et son pays.

Nul homme dans la société ne doit avoir de privilège au-dessus des autres, sans lui donner un équivalent pour un tel privilège. Les législateurs qui font de bonnes lois, les magistrats intègres qui les exécutent, avec fidélité, pour leurs services honorables au public, méritent le privilège et la paie qu’ils en reçoivent ; les places et le pouvoir sont les récompenses que paye le peuple à ses députés, à ses serviteurs. Si tout législateur, si tout magistrat est élevé au-dessus des simples membres de la communauté, la communauté elle-même est placée au-dessus de lui.