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— Ça a été dur à avaler, répondit Agénor, qui s’était étendu sur le canapé.

— Tu regrettes ton pauvre argent, mais ne te désole pas, tu le retrouveras avec beaucoup d’autres.

— Je commence à désespérer. Avoir tant travaillé pour arriver à la culbute, ça n’est pas gai.

— Que tu es loque ! Secoue-toi donc !

— J’aurai beau me secouer, il ne tombera pas une pièce de cent sous de plus de mes poches. Je suis bien ratiboisé.

— C’est ce qui te trompe ; en se secouant, on secoue l’argent des autres et on en trouve toujours quelque chose.

— Tu es impayable ! tu parles comme un ministre des finances, qui, lorsque l’argent manque à sa caisse, secoue tout le monde par un petit chambardement.

— Imitons le gouvernement ; ce n’est pas déjà si difficile.

— C’est aisé à dire : faisons comme le gouvernement. Mais les moyens de chambarder ?

— N’avons-nous pas mon héritage ?

— À propos de l’héritage, tu dois avoir au moins une pièce qui établit ta qualité d’héritière.

— Je possède l’expédition du testament qui m’a été envoyée par mon procureur d’Azara. La minute est déposée à son étude.