que je t’ai dit hier. Mais je t’assure que j’y suis
pour bien peu de chose.
— Conte-moi cela, ce sera plus clair.
— Il faut que je te dise d’abord qu’après ma fugue de chez le père Rafflard, et l’enlèvement d’Alice que tu connais, je me suis réfugié à Buenos-Ayres. Tant que les monacos du vieux ont duré, cela a assez bien marché, on a fait la fête avec les fils du pays. Mais lorsque la galette a été boulottée, il a fallu trimer, faire cent métiers plus épatants les uns que les autres. On se fait à cette vie-là, et je l’aurais probablement continuée, si je n’étais tombé malade. Cela a été dur et j’en ai failli claquer. Heureusement que j’avais Alice pour me soigner ; elle a été d’un dévouement de caniche. Une fois guéri, nous nous trouvâmes couchés à la belle étoile. J’appris alors qu’une compagnie de colonisation embauchait des colons pour fonder un grand établissement, presque une ville, aux confins du Gran-Chaco, sur le bord du Pilcomayo, auquel on donna, par anticipation, le nom de Félix Azara.
Je me présentai ; je fus admis.
Nous partîmes trois cents : hommes, femmes et enfants, conduits par une compagnie de réguliers, qui devaient nous protéger contre les Indiens et nous servir là-bas de défenseurs.
Cela n’a pas duré longtemps. À peine nos caba-