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Page:Dumont - Paris-Éros. Deuxième série, Les métalliques, 1903.djvu/296

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nous nous liguerions pour jouer Picardon. L’occasion de raser le bonhomme ne s’est pas longtemps fait attendre. Aglaé ayant l’air de céder à ses menaces, nous prévint qu’elle lui avait donné rendez-vous un certain soir, pour lui compter deux millions contre remise de papiers qui pouvaient la compromettre. Alice qui est un dragon de vertu, aussi bien qu’un gendarme à poigne, l’attendait à l’entrée du parc de l’hôtel de sa sœur. Aussitôt qu’il eut franchi la porte d’entrée, une femme, masquée par un vieux sycomore, tomba dessus à bras raccourcis, et après lui avoir distribué une maîtresse volée, lui enleva son portefeuille, lequel, outre les papiers qu’il devait remettre à ma belle-sœur, en contenait d’autres, aussi compromettants pour lui que pour certain de ses acolytes politiques. Son coup fait, ma femme prit la porte et s’éclipsa.

J’avais accompagné le roublard dans sa voiture jusqu’à la porte des Ternes. Je devais lui servir d’appui pour décider ma belle-sœur dans le cas où elle reviendrait sur sa promesse, et peut-être aussi le gaillard m’avait-il pris comme garde du corps. Mais en passant devant l’octroi, je m’évanouis subitement et je fus transporté au poste, où j’attendis que Picardon eût continué sa route seul, pour revenir à moi, de façon qu’il n’a pu deviner d’où lui venait le coup qui l’a privé de ses moyens d’action.