Aller au contenu

Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 118 —


gement, les vivres et la chandelle pendant six mois.

Elles vinrent échouer à Paris sans sou ni maille. Le lendemain, elles avaient soulagé un marchand de chevaux de son portefeuille contenant huit mille francs.

L’hospitalité de l’État les avait rendues prudentes, quoique l’atavisme les portât vers les affaires véreuses. Elles s’associèrent à un ex-directeur d’exploitation théâtrale, nommé B… — Salomon pour les petites dames — et louèrent par bail de trois, six, neuf la maison et le parc d’Auteuil, appelé, après quelques vicissitudes, à faire la fortune des associés.

La maison, en façade sur la rue de…, bien retirée, n’avait qu’un étage. Modeste d’apparence et assez délabrée, elle ne laissait pas deviner le beau parc de 3.000 mètres, entouré de hautes murailles, qui y attenait.

La propriété fut restaurée, remise en état. Le rez-de-chaussée de la maison reçut l’ameublement d’une brasserie à femmes. Pour l’instant, tout était à la russe, l’enseigne porta : Taverne russe. On creusa dans le parc un large bassin destiné à servir de piscine, des allées furent tracées et sablées ; on pratiqua des tonnelles et des bosquets sur son pourtour.

Les débuts furent des plus misérables ; la clien-