Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/14

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Le quartier de l’Europe semble avoir été particulièrement aménagé comme centre d’attraction et comme foyer d’expansion de cette région de chasse libre. Les édiles qui ont présidé au baptême de ses voies de communication, ont fait preuve de sens pratique et d’un internationalisme économique qui leur ont valu une juste notoriété. Qu’on soit de Berlin, de Londres, de Moscou, de Saint-Pétersbourg, de Berne, de Rome, de Bruxelles, de Madrid, de Constantinople, de Lisbonne, d’Amsterdam ou de Paris, tous les vices y trouvent des sœurs et des frères. Touchants symboles, la Française y côtoie la Russe, l’Allemande l’Italienne, l’Anglaise la Portugaise, la Belge la Hollandaise, la Suissesse l’Autrichienne, l’Espagnole la Mauresque, la Turque la Levantine dans une confraternité républicaine charmante… L’art n’a pas de patrie, et jamais art n’est parvenu à un degré de perfection aussi raffiné.

Les prêtresses d’Eros : nymphes et déesses de Vénus, quinze fois la bien nommée en ses symboliques performances, y vivent dans le calme de la conscience évanouie et la religion des dessous : l’autel des holocaustes sublimé de dentelles et de parfums. Si elles sensibilisent quelquefois, rarement elles spiritualisent. Du reste, on trouve chez toutes des khakis de campagne moins chers qu’une procuration notariée.