La méthode infaillible pour se libérer des obsessions des couturières en maraude est de leur dire :
— Bien vrai que tu seras gentille, que tu feras ce que je te demanderai ?
— Oui, chéri, tout.
— Dans ce cas, prête-moi un louis. J’irai te retrouver près de l’obélisque.
Cela ne rate jamais :
— Sale maquereau !
Et la petite s’éloigne, superbe.
La catégorie des rameneuses est loin d’être la plus nombreuse. Ce n’est pas pour leur plaisir, les pôvres ! qu’elles vont solliciter le michet ; elles ne demanderaient pas mieux que d’être demandées à domicile.
Les véritables unités de combat sont les cocottes au cachet ; elles vont au boulevard, mais ne le font pas.
Ce sont des putains de piquet, inscrites au rôle des proxénètes, pouvant être appelées à chaque moment à marcher au feu.
La prostitution parisienne est corporative ; toutes les femmes galantes sont plus ou moins tributaires des proxénètes que — appellation typique — elles nomment les mères, comme dans les rites du compagnonnage.
La mère est la proxénète professionnelle.