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Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/49

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dépravation d’un principe ou d’un goût n’est qu’une évolution des intelligences raffinées, visant aux meilleures conditions de viabilité intellectuelle, disait le diplomate au prince.

— Je conçois qu’on préfère vivre une existence entière en quelques années de plein épanouissement que de la vivre végétative, sans continuité de sensations, pendant un siècle.

— La nature n’a pas fait l’homme pour vivre placidement, elle l’a fait pour l’action continue. Son épuisement n’est dû qu’à la stérilité de son cerveau, à l’ankylosement de ses sens, anémiés par la privation de ses communications avec la femme, le fluide régénérateur souverain. J’ai dit et je répète que la monogamie est la première cause de la dégénérescence humaine. Il faut à l’homme la diversité féminine pour épurer ses sens et aviver son activité cérébrale. La polygamie a été le plus bel âge de la Grèce : l’âge de la beauté, de la virilité, de la poésie et du génie. L’homme n’acquiert sa sublimité humaine qu’en la société de femmes, propres à son tempérament et au développement de son aphrodisme naturel.

— Vous paraissez beaucoup connaître la femme, milord.

— Je la connais depuis que les sens ont parlé en moi ; elles ont été le parfum de ma vie, c’est à elles que je dois, à soixante ans, la puissance d’un

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