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On reprochait autrefois, et avec raison, au Parisien d’être casanier, aujourd’hui il use de tous les modes de locomotion, dévore l’espace. On sonne à sa porte : Monsieur est sorti. C’est vrai, il est à Saïgon, en Éthiopie, à Tombouctou, à San-Francisco, à New-York, à Londres ou à Saint-Pétersbourg. Quelquefois, en cherchant bien, on le trouve quelque part à truquer ou à muser, au café ou arrêté devant une voiture qui vient d’écraser un cycliste.

Voir écraser un cycliste est devenu le sport de ceux qui n’en font pas.

Il n’est plus permis à un auteur de concentrer sur un seul point l’action d’un livre, d’un drame ou d’une comédie sans paraître invraisemblable. Si bourgeoise que soit son œuvre, on n’est pas dans le train, lorsqu’on fait converser journellement l’indigène de la rue Saint-Denis avec son voisin de la rue Saint-Martin, le curé de la Madeleine avec ses paroissiens.

L’action de la comtesse Julie et de sa cara mia, la Transtévérine, rayonnait encore à Turpenay. Elles n’y transportaient pas, il est vrai, leurs chabannais avec leurs accessoires, mais on y était en plein pays de Rabelais, en franc cocuage pantagruélique et tédradiques buveries.

En s’installant à Turpenay, les proxénètes maquerelles avaient fait deux découvertes qui avaient