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BAAL

— Renée, vous n’êtes pas visée, vous, du moins je ne crois pas, mais moi…

— Visée, mais dites-moi, par qui ? Nous parlons comme si c’était en deux langues différentes.

Elle se leva, fit trois pas indolents dans la pièce, et jeta vers le plafond ses bras nus aux mains étroites.

Je vis le creux gonflé des aisselles rases et le long fourreau de satin noir qui la vêtait accusa depuis les aines des plis de draperie grecque. Elle revint à moi.

— Il y a une force, Renée, une Force Occulte, familière, peut-être, qui m’est devenue hostile… tant !…

— Une force occulte ? Ma foi ! j’aime autant vous dire que je ne connais pas ça. Depuis que je suis ici, j’ai vu bien des choses, mais des forces occultes…

— Voyons, Renée, avez-vous cru que je ne sache rien du métier que j’exerce ?

— Tout cru, je considère ce métier comme une étonnante fumisterie… que vous avez d’ailleurs portée à un degré de perfection prodigieux.

— Mais, mon petit, ça existe !

— Ça existe… quoi donc ?