sans bonté retombent sur la personne qui les enfanta. Ainsi elle se torture elle-même à vouloir le mal sur autrui.
— Il ne me semble pas que ce soit injuste…
— Ah, Renée, la « Justice » est une chose dont le nom réclame déjà bien des précautions pour être prononcé…
— Mais en tout cas, celui qui ne désire que le bien autour de lui ne connaîtra pas le danger qui vous menace ?…
Palmyre éclata de rire.
— Le Bien ! le Bien ! Qui sait ce qu’il est. Il advient que le mal moralise. Le bien jamais. Il rend orgueilleux et l’orgueil est peut-être, de tous les maux moraux, le pire. L’orgueil tend à devenir acte, c’est-à-dire domination, c’est-à-dire malheur. C’est le plus beau, le plus lourd, le plus coloré des fruits du Bien que le Mal.
Je murmurai :
— Alors, le mal est bon ?
— Parfois, Renée. Il y a dans le mal une humilité qui le sauve. Villon est un grand juste et Baudelaire est saint !
— Je remuai confusément en moi cette doctrine manichéenne. Palmyre, la tête renversée, sphingienne et voluptueuse, me regardait entre