Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/160

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sa volonté sous le désir de diriger la conversation familiale dans le sens qui l’intéressait. Mais en même temps il voulait dissimuler son secret tourment.

Maintenant il connaissait la défaillance des esprits sortis d’une attention excessive… Toutefois le visage de sa cousine restait présent au seuil de sa sensibilité.

Il ne pouvait ce soir songer lui rendre visite. Il faudrait préparer la sortie ou plutôt ne sortir, et en cachette, qu’après la rentrée de ses parents dans leurs chambres à coucher. Ce serait pour le lendemain.

Il imagina longtemps l’entrée qu’il ferait dans vingt-quatre heures à Bel-Ebat. Cela faisait couler un sang chaud dans ses carotides et son front s’enflammait. Il la verrait là-bas. Que lui dirait-elle ? Que lui dirait-il ? Et cette pensée amenait à sa conscience une étrange et énervante image : Celle de Lucienne sautant du lit, nue, et si terrifiée qu’elle en oubliait la pudeur.

Ah ! revivre cette minute-là et la faire durer.

Il passa dans une rue vaste et fort éclairée. Une demi-douzaine de cafés, aux terrasses ombrées d’arbres en pots, y répandaient mille appâts lumineux. Une pâtisserie encore ouverte offrait le vain attrait de petits fours défraîchis.