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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/176

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ou le mérite sont d’infaillibles moyens de réussite. En sus, le délicat et cuisant tourment, dont Lucienne était l’origine, greffait sur tout cela une sorte d’agaçante mélancolie. Il se disait que la morale enseignée est sans doute à l’usage exclusif des sots ou des enfants. Un homme mûr, il l’avait vérifié étrangement ce jour même, use d autres principes de conduite. Mais pourtant il lui en coûtait de situer de cette façon le problème de son avenir. Depuis trop longtemps la morale normale était cristallisée dans le cerveau des siens. Il souffrait donc de se sentir écartelé.

Son affection pour Lucienne était-elle coupable ? Non certes, et ses actes, même devers la jeune fille, avaient été innocents.

Il se parlait ainsi, mais un doute naissait aussitôt. La passion secrète escamotait le trouble souvenir des baisers donnés et reçus, avec le délicieux rappel de certaines visions impures et voluptueuses. Ensuite son esprit, qui veillait toujours, demandait : « As-tu vraiment le droit de te dire pur désormais ? »

Il ne se répondait pas à soi-même, gêné comme un amant surpris, en mauvaise posture ; comme une femme dévêtue qui se trouverait face à face avec un inconnu.

Mais de toutes les paroles de M. Dué, il résultait toutefois que le destin de Lucienne se pré-