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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/201

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que cela, l’avant-veille… Peut-être ses parents contrôlent-ils ses dépenses. S’il réclame cet argent elle calcule le mensonge le plus intelligent à dire. Car la petite somme est déjà dépensée. Un marchand ambulant passait hier sur la route avec sa voiture, étalant les mille colifichets qui furent à la mode de Paris voici quinze ans. Elle a vu le char aux côtés levés qui gagnait le village voisin. Courant après cette marchandise polychrome, étalée et visible de loin, elle acquit une paire de bas de soie, et une écharpe aux dessins éclatants. Le tout coûtait trente-huit francs cinquante. La mendiante a eu le reste.

Féline et attentive, elle guette donc son cousin. Contre lui comme contre le forgeron, Lucienne Dué est prête à combattre.

Un instant passe et Jean se sent devenir très sot.

Il va parler. Pour le décontenancer, devinant les paroles prêtes, Lucienne prend la parole ironiquement.

— Mon cousin, je vois que vous avez quelque chose de déplaisant à me dire. Je ne m’en étonne pas. Lorsqu’on est malheureuse, tout le monde vous accable… Enfin dites donc la chose, je m’attends à tout.

Elle guette le masque du jeune homme et insolemment :