Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/220

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sion de colère alanguie et illuminée qu’il la suivit, muet et plein de crainte devant une contingence sur laquelle il se sentait sans prise aucune désormais.

Elle l’accola avec une brutalité inconsciente.

— Jean, je t’aime !…

Le baiser revint à lui. Mais un baiser si prenant et féroce qu’il en connut d’un coup la répercussion locale, et toute la puissance d’un rut animal passa dans ses muscles brusquement tendus pour il ne sut quelle offensive, au besoin criminelle.

Poussé par un instinct profond et mécanique, il prit le torse mince et l’écrasa sur sa poitrine comme s’il eût voulu tuer.

Lucienne râla :

— Oui… oui…

En même temps, d’un fléchissement de l’arc vertébral, elle adhérait à lui avec une telle force qu’il crut percevoir son corps comme avec la main on perçoit la forme d’un fruit.

Ils se tenaient debout, étroitement enlacés. Jean sentit avec émotion que ses jambes tremblaient comme celles d’une bête épuisée.

— Jean, serre-moi !

Il serra le corps collé à son corps. Il lui parut qu’il s’y consubstanciait, qu’une force solaire compénétrait sa chair et celle de sa cousine.